La nouvelle garde « la Guardia Nueva »
Les deux décennies de la Guardia Nueva comportent deux périodes pouvant être liées au contexte économique de l'époque en l’argentine, une période de développent entre 1920 et 1929, une période de marasme économique et de désillusion entre 1930 et 1939.
1920 : le tango est reconnu, distingué, enfin admis par la bonne société. Le tango anime les bals des grandes maisons bourgeoises. Le tango subit un remodelage, une édulcoration excluant ses références originelles des maisons closes. Le violoniste Julio De Caro représente ce tango de salon. Les rythmes sont plus calmes, les mélodies plus sentimentales avec peu ou pas de syncopes dérangeantes. La musique n’est plus seulement un support à la danse mais une composition à part entière.
La révolution decarienne.
Julio De Caro, de formation classique et musicien de jazz, invente un style d’interprétation d’une richesse inédite. Il codifie l’architecture du tango instrumental moderne. Chaque instrument y a un double rôle, particulier et collectif. Les solos se succèdent entre violons et bandonéons alors que la contrebasse se charge de la base formelle et que le piano construit ponts et ouvertures. Julio De Caro s’entoure de musiciens qui joueront un rôle important dans les décennies suivantes, comme Anibal Troilo, Ciriaco Ortiz, Osvaldo Fresedo. Tous savent jouer du jazz et interpréter des duos et des quatuors de maestro permettant de mettre en valeur chaque instrument.
Citons en 1921 la naissance de Piazzolla, la création de Desde del Alma de Rosita Melo en 1922 et celle de Recuerdo de Pugliese, alors âgé de 18 ans en 1924. Avec 20 années d'avance il préfigure déjà l'age d'or et ce qui fera sont style avec "la Pulsation".
A partir de 1925 le tango s’empare de tous les divertissements. Cabarets, cinéma. La croissance exponentielle grâce au cinéma parlant.
La désillusion de 29
Jeudi noir de Wall Street : le 24 octobre 1929. Après avoir connu une prospérité remarquable pendant les deux premières décennies du siècle, l’économie Argentine sombre. On découvre que cette prospérité était factice, entièrement tributaire des capitaux étrangers. Incapable de financer elle-même l’effort de reprise économique, l’Argentine entre dans une période de troubles sociaux et politiques.
- 1928, 1929 : décomposition de la vie politique dans les scandales et la corruption
- septembre 1929 : Coup d’état militaire. Le général Uriburù se proclame président.
Le poète et philosophe Enrique Santos Discépolo se fait l'écho critique et acerbe des désillusions du rêve d'immigrants pendant les années 30. Il compose « Cambalache » où il écrit « Que el mundo fue y sera una porqueria ya lo sé ». Autre tango des plus typiques de cette époque, son Yira Yira créé en 1930 par Gardel.
La chanteuse Azucena Maizani chante en 1934 "Milonga del 900"
Juan Carlos Cobian compose Nostalgias en 1935
Début 1935, Carlos Gardel tourne une série de films. Voici un court extrait de "Tango bar".
Lundi 24 juin 1935 : Mort accidentelle de Gardel. Le contexte socio économique difficile et la disparition tragique du chanteur plonge Buenos-Aires, l’Argentine et le tango dans un deuil profond et de déclin du tango.
Cuesta abajo - Sus ojos se cerraron - Por une cabeza - Volver - El dia que me quieras
La fin des années 30 est marquée par une relative stagnation du tango. On assiste toutefois au retour de la Milonga avec des poèmes d’Homero Manzi chantés sur des compositions de Sebastian Piana. « Milonga sentimentale » en 1932 (intterprétée ici par Lidia Borda) et « Milonga triste » en 1937 (interprétée ici par Mercedes Simone).
Juan d'Arienzo (1900 - 1976) est surnommé "El Rey del Compás »
A partir de 1934, il commence à développer un nouveau style d'interprétation qui atteindra son apogée avec l'arrivée de Rodolfo Biagi au piano de 1935 à 1938. L'inclusion de Rodolfo Biagi s'est traduit par un changement de tempo pour l'orchestre de D'Arienzo, qui a remplacé le 4/8 par un 2/4 (le battement rapide des tangos primitifs). Ce « nouveau » rythme (enjoué de surcroît) arrivait à point nommé.
Les "Di Sarli, Troilo, Piazzolla, Pugliesse, Rodriguez, D'Agostino, Calo, Fresedo, De Angelis.... " jouent dans les orchestres en place à cette époque avant de créer eux mêmes leur propre formation.
Dans cette video de 1937. Anibal Troilo annonce déjà la génération à venir : l'âge d'or
Sur le plan des compositions nouvelles, le tango vit surtout sur sa seule force d’inertie avant que surviennent les grands créateurs des années 40 lorsque la guerre venant en Europe, l’argentine entrera dans une nouvelle phase de prospérité. Ce sera l’âge d’or du tango.