Origines et naissance du tango
Aux confins du XIX et du XX siècle, l’élevage des bovins et l’invention des bateaux frigorifiques conduisent l’Argentine et l’Uruguay vers un développement économique sans précédent autour de l’industrie de la viande. Buenos Aires et Montevideo sont alors des tours de Babel, le rendez-vous d’hommes venus du monde entier. Ces villes se développent frénétiquement rejetant les immigrants et les pauvres vers sa périphérie : dans les conventillos. Ils y inventent le tango qui n’est autre que l’expression de leurs conditions de vie. 70% de la population émigrante est masculine.
En 1880, Buenos Aires compte 250 000 habitants. 15 ans plus tard, la population est multipliée par six. En 1904, 2500 conventillos abritent 140 000 personnes soit 14% de la population urbaine.
Cette activité économique autour de l’atlantique et de ses principaux ports provoque un brassage culturel de sources multiples qui donneront naissance au tango sur les rives du Rio de la Plata. Citons la contredanse européenne, la habanera cubaine, le candombé africain, Le tango andalou… Ces danses influencent la milonga argentine, ancêtre du tango dont l’une des premières créations, « dame la lata », attribué à Juan Pérez, évoque l’univers des bordels.
Le Tango est une affaire d’hommes qui travaillent dans les abattoirs. Les premières femmes qui s’y risquent sont les « Chinas Cuarteleras », prostituées venues des provinces.
Le tango est d’abord joué d’instinct à la flûte, au violon, au tambourin et à guitare. Il se répand hors des murs des conventillos vers les quartiers de la ville grâce à l’orgue de Barbarie.
En 1900, après s’être cherché, essayé puis trouvé pendant environ 10 ans, le tango est mature. Une période particulièrement créatrice s’ouvre à lui.
Vidéo et images de Buenos Aires en 1901
L'un des premiers Tango : EL ENTRERRIANO créé par Rosendo Mendizabal en 1896 et joué ici par Juan d'Arienzo en 1954
Le poète Santos Enrique Discépolo dira plus tard : «Pour les Argentins, le tango est un sentiment triste qui se danse. Expression profonde de l’âme populaire, à la fois tendre et violente, cette poésie désespérée est née au début du siècle dans les bas-fonds de Buenos-Aires»